Conf Kuramori

Présent à la Japan Expo 2025, Tohru Kuramori, l’auteur du manga Centuria, a offert une conférence passionnante. Il y est revenu sur ses influences, son parcours atypique et sa vision artistique. Mang’Actu était sur place pour recueillir ses propos exclusifs.

Une œuvre née d’un choc esthétique et littéraire

L’inspiration initiale de Centuria est étonnante : un tableau du peintre britannique William Turner, représentant un navire d’esclaves pris dans la tempête. Une œuvre puissante qu’il découvre à travers un roman lu plus jeune, et qui pose les bases visuelles et thématiques de Centuria : grandeur, violence, tragédie.

Un mangaka repéré sur X, formé par Fujimoto

Avant de publier dans le Jump+, Kuramori postait ses créations sur X (anciennement Twitter), sous le pseudonyme Rabugai. C’est là qu’il est repéré par son responsable éditorial, qui devient ensuite son premier lecteur et collaborateur de confiance.

Tohru Kuramori a également été assistant de Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man), une expérience marquante :

« J’y ai appris à faire de meilleurs décors, à mieux organiser mon travail et à structurer mes chapitres. »

Il impressionne par sa rapidité : un storyboard complet par jour, tout en maintenant un dessin très détaillé.

Personnages, thèmes et processus créatif

Kuramori accorde une attention particulière à ses personnages. Son favori : Julian, qu’il décrit comme « profondément humain », toujours au bord du basculement, capable de tout perdre.

Les personnages les plus difficiles à dessiner ? Titi et Elstri, notamment à cause de leur complexité graphique.

Il confie également aimer dessiner des femmes grandes et musclées, simplement parce qu’il trouve cela visuellement intéressant.

Thématiquement, le sacrifice occupe une place centrale dans Centuria :

« C’est un outil dramatique essentiel. On comprend un personnage à travers ses choix, surtout lorsqu’il doit renoncer à quelque chose. »

Il aime construire ses chapitres autour de scènes d’action intenses qui débouchent sur des révélations inattendues, pour maximiser l’impact narratif.

Croyances, pouvoir et influences

Dans Centuria, les croyances et le pouvoir sont au cœur de l’intrigue. Pour nourrir cet univers, Kuramori lit de nombreux récits sur la magie, les sorcières, et consulte aussi des ouvrages animaliers pour concevoir des créatures originales.

Il s’intéresse également aux mangas d’horreur, notamment ceux de Junji Itō, et lit en ce moment la série Les 100 manières dont je suis mort.

Discipline, solitude et passion

Kuramori vit à la campagne, loin des tentations de la ville. Il ne joue pas aux jeux vidéo, mais réfléchit à ses histoires en faisant du sport, et consacre son temps libre à la lecture de romans à énigmes et au visionnage de films d’action.

Il affirme avoir une vision d’ensemble de son histoire, mais reste discret sur la fin de Centuria :

« Je préfère garder cela secret. »

Une première venue en France marquante

Pour sa première venue en France, Tohru Kuramori s’est dit impressionné par la richesse architecturale du pays… et conquis par le fromage français, qu’il emportera avec lui.

Enfin, lorsqu’un fan lui demande ce qu’il ferait s’il avait 100 vies, il répond sans hésiter :

« Je dessinerais tout le temps, sans jamais m’arrêter. »

Avec Centuria, Tohru Kuramori construit un univers dense, à la croisée de la magie, du drame et de la symbolique. Son passage à Japan Expo laisse entrevoir un avenir prometteur pour ce mangaka au talent rare — et à la passion communicative.

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